samedi 16 mai 2009

« The Marlboro Marine » (1)

En avril et en octobre 2004 se produisirent à Fallujah deux grandes batailles, parmi les plus importantes qui ont suivi la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003. Elles opposèrent des insurgés irakiens et étrangers à l’armée américaine. Fallujah - ville irakienne sise dans la province d’Al-Anbar à 65 km à l’Ouest de Baghdad - était alors l’épicentre de la guérilla anti-coalition.

Ces durs combats qui se perpétuèrent furent largement relayés et commentés dans la presse. Un photographe du LosAngelesTimes – Luis Sinco les vécut de l’intérieur, intégré au Ier Bataillon des Marines, au sein de la Compagnie Charlie. Son récit est saisissant, il « prend aux tripes » comme on dit. Le reporter décrit sa peur, son sentiment de vulnérabilité (je priais comme jamais auparavant …[…] J’avais misérablement froid et peur […] J’étais persuadé que je n’allais pas en réchapper…), détaille ses réactions avec un réalisme poignant (je serrais les dents en attendant une explosion qui jamais ne viendra), et ses clichés pris sur le vif témoignent de l’âpreté des affrontements.

Luis Sinco n’est autre que l’auteur du fameux cliché « The Marlboro Marine », érigé en icône de la Guerre en Irak.

Voici le récit qu’il fit de sa rencontre avec le soldat harassé : Je me suis assis contre un mur […] et j'ai vu le Caporal James Blake Miller allumer une cigarette. Les peintures de guerre maculaient son visage pris dans des volutes de fumée. Son nez était entaillé et croûté. J'ai pris quelques photos puis me suis mis à fumer. Nous nous sommes regardés, sans mot dire.

Ce témoignage vaut par l’émotion qu’il suscite. On se trouve plongé en plein cœur de l’action, sous les échanges de tirs et les rafales de balles. Difficile de ne pas se sentir partie prenante. Le photo-reporter ne cherche pas à mettre les événements en perspective, il en serait d’ailleurs bien incapable à cet instant. Il ne fait « que » décrire ses sentiments, exprimer ses doutes. Dans le visage du marine, c'est sa propre angoisse qu'il lit, son propre épuisement, mais surtout une même volonté de survie. Ou quand l’histoire personnelle confine à l’universel.




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