samedi 16 mai 2009

Les blogs, une concurrence pour la grande presse ?

La concurrence mobile devient toujours plus vive pour les médias traditionnels. Les premières banderilles du virtuel remontent à l’affaire Monica Lewinsky (1995) lorsque le journaliste amateur Matt Drudge - brûlant la politesse au magazine Newsweek et à son investigateur maison Michael Isikoff – révéla la liaison du président Clinton avec sa jeune stagiaire.

L’apparition des blogs au début du second millénaire a fait vaciller un peu plus la presse traditionnelle de son trône, chaque internaute pouvant se croire éditorialiste. Trois avantages décisifs du blog sur le support papier : la simplicité d'usage, la souplesse de mise à jour et une interactivité favorisant le dialogue avec les lecteurs. Ce qui les rend accessibles aussi bien aux technophiles qu’aux "technonuls". Autres aspects particulièrement intéressants des blogs : leur caractère coopératif et leur actualité.

Au delà de la grande masse des sites purement narcissiques[1] - qui n’ont d’intérêt que pour leurs auteurs - il existe une poignée de sites à même de concurrencer les médias établis. Même s’il faut bien les chercher à travers l’intrication de la toile.

Leur pouvoir est manifeste. Songeons à la mésaventure de Dan Rather, le présentateur vedette de CBS, contraint de démissionner en 2005 pour un faux scoop démonté par le blog Powerline.

Ou à celle du directeur de l’info de CNN, Eason Jordan, balayé cette même année par une tempête suscitée dans la blogosphère avant d’être relayée dans les médias.

Si la pratique journalistique est modifiée par ces nouveaux vecteurs d’information, elle doit plus que jamais s’arc-bouter sur ses valeurs identitaires, les «tables de la loi» du journalisme selon le vocable d’Edwy Plenel : souci de la vérité, loyauté envers le lecteur, discipline de la vérification .

Elle demeure plus que jamais une compétence, requérant un savoir-faire. Et le blog peut en être un outil précieux, à condition de ne pas s’y cantonner, comme le souligne Bernard Rappaz, l’actuel directeur en chef de l’Actualité de la Télévison Suisse Romande :

« On constate que les blogs peuvent amener le meilleur comme le pire. Des rumeurs amplifiées, des voix extrémistes, mais aussi un nouveau type de journalisme. Plus que jamais, le journaliste doit trier l'information. En amont, son blog lui permet de récolter des données (témoignages, photos, vidéos, etc.), et en aval, de prolonger le débat avec ses lecteurs.»

Le blog apparaît donc comme une proto-information. Comme une amorce à une enquête. C’est le début d’un fil que l’on va étirer en vue de produire "the good news". Pour le professionnel des médias, le défi consiste alors à sélectionner[2] les blogs « crédibles » afin de se constituer une base de données fiable.


[1] parmi les 9 millions de blogs rédigés en français au printemps 2007


[2] selon l’appellation d’Alain Joannès, Le journalisme à l’ère électronique, col. Lire Agir, Vuibert, Paris, 2007 ; ils représenteraient près de 55 % du gâteau »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire