dimanche 17 mai 2009

La bataille des chiffres


Le décompte des pertes humaines civiles du côté irakien est un enjeu depuis le début de l’intervention. Les armées américaines et britanniques, contrairement à ce qui se pratiquait durant la guerre du Vietnam, ont choisi de taire le nombre de civils tués par leurs troupes, de peur de discréditer un conflit déjà largement critiqué par l’opinion. Le site Iraq Body Count, créé en janvier 2003 par deux universitaires britanniques, John Sloboda et Hamit Dardagan, a pour but de fournir les chiffres les plus précis possibles concernant les civils irakiens morts au cours des opérations des forces armées, du fait des attentats et des violences interconfessionnelles ainsi que de l’insécurité qui règne dans le pays depuis le début de la guerre.

Ce projet participatif et citoyen est né de l’indignation de ses créateurs à la suite des propos de Thomas Francks, chef du commandement central de l’armée américaine en Irak, qui avait déclaré en 2003 « We don’t do body counts ». Les informations réunies sur le site proviennent de différentes sources : ONG, documents officiels, journalistes professionnels relayés par des volontaires et des militants pacifistes. IBC présente sa méthodologie de façon détaillée, précisant que les morts doivent avoir été mentionnés par au moins deux sources d’information indépendantes pour être pris en compte.

Le site, toujours actif aujourd’hui, est régulièrement cité par les médias traditionnels comme une source crédible. Mais dans le contexte de la polémique sur le nombre réel de civils tués en Irak, il a également fait l’objet de nombreuses critiques. L’OMS ainsi que la revue médicale britannique The Lancet, qui ont elles aussi mené des recherches sur le sujet, considèrent que les chiffres avancés par IBC sont largement sous-estimés. En effet, selon les différentes études menées, on considère qu’entre 100 000 et 1,2 million d’Irakiens auraient perdu la vie depuis mars 2003.

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